L’ensemble des places financières atteint encore de nouveaux records ce mois-ci. Les investisseurs conservent leur appétit pour les actifs risqués. Aveugles sur les deux mois de surprises à la hausse des publications d’inflation aux Etats-Unis, les marchés profitent des anticipations de baisses de taux. Les investisseurs se sont tout de même inquiétés à la suite de la parution -au-delà des attentes- des prix à la production. Les rendements obligataires américains ont donc jonglé avec les attentes d’une première baisse de taux (juin ou septembre ?), oscillant entre son plus bas 4.077% et 4.328%. La tendance reste malgré tout à la hausse par rapport à la baisse (trop optimiste ?) de fin d’année. En Europe, le constat est différent : baisse des prévisions d’inflation (et de croissance), mais la finalité est identique. Le consensus estime que la Banque Centrale Européenne commencerait à réduire ses taux dès juin.
Globalement, les marchés se focalisent sur les résultats des entreprises qui, sauf exception, sont de bonne facture et sur la baisse de taux à venir. Le scénario de « soft landing » (atterrissage en douceur de l’économie) qui semble globalement se confirmer accentue le parcours haussier des marchés mondiaux. Les secteurs les plus cycliques (énergie, finance et matériaux) caracolent en tête ce mois-ci.






Nous observons une désynchronisation entre l’économie américaine et l’économie européenne.
La Réserve Fédérale américaine fait face à une économie plus résiliente qui continue de soutenir les tensions inflationnistes. L’inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) est ressortie au-dessus des attentes, tout comme les prix à la production. Les prix des services ne tendent pas vers un ralentissement. Si la désinflation (i.e. réduction de l’inflation) n’est pas remise en cause pour le moment, la prudence reste de mise. Malgré tout, les marchés financiers estiment que cela n’est pas un problème : la Réserve Fédérale américaine reste conforme aux attentes en matière de baisses de taux. Trois baisses de taux de 0.25% sont envisagées d’ici à la fin de l’année aux Etats-Unis. La question du timing demeure encore : juin ou septembre ?
La bonne tenue du marché du travail continue de soutenir la croissance via la consommation. Il semblerait qu’aux Etats-Unis, le dynamisme du marché du travail ait compensé les effets négatifs habituels de la hausse de taux. Par ailleurs, les indicateurs de confiance avancés des entreprises restent solides en territoire d’expansion. Les prévisions de croissance du PIB ont d’ailleurs été révisées à la hausse (3.1% pour 2024).
En Europe, le constat est légèrement différent. Parmi les éléments positifs, on note que l’inflation se rapproche de plus en plus de la cible de la Banque Centrale Européenne (2%). Le marché de l’emploi est au beau fixe. Les consommateurs retrouvent du pouvoir d’achat grâce à l’effet de la désinflation et aux hausses de salaires négociées. L’économie semble retrouver des couleurs mais c’est grâce aux services, et non à l’industrie (toujours en territoire de contraction). Les prévisions de croissance du PIB en zone Euro ont d’ailleurs été révisées à la baisse. La croissance globale reste molle : elle est légèrement positive voire nulle. Certains pays, notamment l’Allemagne ainsi que les pays industriels du Nord de l’Europe, sont en récession. Trois à quatre baisses de taux sont envisagées d’ici à la fin de l’année en zone Euro. L’économie européenne tournant moins fort que l’économie américaine, il serait tout à fait justifié que la Banque Centrale Européenne baisse ses taux avant la Réserve Fédérale américaine.







